En plus de la synthèse de cette réunion disponible ici Grand Débat à Chantepie – Chantepie Initiatives – 26.02.19, et quelques photos de l’ambiance studieuse, un texte témoignage recueilli à l’occasion de cette réunion.
Je voudrais vous raconter une histoire.
Marie a 70 ans.
Elle a élevé seule ses 3 enfants car elle a perdu son mari à l’âge de 45 ans et n’a pas voulu refaire sa vie.
Elle a travaillé dur dans sa ferme et s’est usée la santé, mais malgré cela touchait le RSA.
On lui a découvert une maladie orpheline incurable qui lui fait perdre pied.
A la retraite, elle s’est installée dans le bourg de son village où elle loue une maisonnette à un bailleur social.
Ses enfants font tout pour la maintenir à domicile selon son souhait et ont mis en place des services et soins par l’intermédiaire de l’ADMR, des infirmiers et aides soignants qui passent tous les jours chez elle.
Mais ils savent qu’à court terme ils devront la placer dans un EPHAD, car elle va devenir de plus en plus dépendante.
Alors ils l’ont inscrite sur une liste d’attente depuis 3 ans car les demandes sont nombreuses et ils ne veulent pas qu’elle s’éloigne trop de son environnement familial.
Ses enfants sont anxieux pour ce placement car j’ai oublié de vous dire que Marie ne touche que 800 euros de retraite, pension de réversion incluse et ne possède aucun patrimoine.Ils se sont renseignés du prix de l’EPHAD, qui est près de 2000 euros par mois, et encore en ne sélectionnant que les établissements les moins onéreux.Ils se demandent alors comment ils vont faire, ils savent que l’on doit prendre en charge ses descendants comme ses ascendants, ce qui est tout à fait normal.
Ses enfants ont eux aussi comme la plupart des emprunts immobiliers à payer, des enfants qui font des études, alors la prise en charge complémentaire à laquelle ils devront participer pour leur mère les tracassent.
Est-ce que cela voudrait dire que le peu qu’ils peuvent mettre de côté pour leurs loisirs ou vacances partira pour payer l’EPHAD ?
Leur avenir leur semble bien morose.
Ces enfants se demandent pourquoi dans ce pays, on n’aide pas plus nos anciens qui ont eu des accidents de la vie comme leur mère à supporter ces charges immenses ?
Ils se demandent s’il ne serait pas possible de créer une branche de la sécurité sociale qui pourrait prendre en compte les revenus pour cet hébergement en EPHAD ?
Si, dans le même établissement, au titre de la solidarité, les résidents ayant des revenus supérieurs, ne pourraient pas participer un peu plus pour ceux qui ont moins ?
Enfin ils souhaitent que le vieillissement de la population soit sérieusement pris en compte par les services publics et non laissé à certains organismes privés qui font leurs profits sur l’or gris.